
Avoir et être sont deux verbes de base que vous utilisez tous les jours et pourtant la base du bonheur se trouve peut-être dans la simplicité de ces actions. Notre société a changé en quelques dizaines d’années avec la mondialisation et nous pousse de plus en plus vers l’avoir plutôt que l’être. Ainsi, si on reprend une célèbre enquête américaine, en 1968, à la question « quels sont mes objectifs personnels? » 41% des étudiants répondaient « gagner un max d’argent », 83% d’entre eux répondaient « donner un sens à leur vie », alors qu’en 1997, les scores s’inversaient: 75% espéraient être riches et 41% voulaient une vie qui ait un sens. La tendance est ainsi passée de l’être à l’avoir. Et dans la vie professionnelle, l’avoir prend également plus d’importance que l’être.
Quantifiable et non quantifiable
Quand on y réfléchit, il y a une grande différence entre le verbe avoir et être: « avoir » est quantifiable tandis que le verbe « être » ne l’est pas. J’ai 3 diplômes, 1 voiture de société, j’ai travaillé dans 3 boites, j’ai une maison, 2 enfants, 1 chien, eu 75% lors de mon dernier examen, … Je suis? Je suis heureux, je suis triste, je suis bien, je suis humain, je suis incapable de quantifier ce que je suis.
La société se veut une société scientifique où tout peut être compté. Le temps est la référence de tout notre système. Si vous ne le saviez pas, l’origine du système métrique se base sur une pendule. Nous, les occidentaux comptons également tout en dollars, livres sterling, euros, l’argent est roi. Nous voulons tout mesurer.
Dans les entreprises, on crée des systèmes d’évaluation du travailleur par point: vous allez être évalué selon des critères, votre salaire, vos heures prestées, des formules mathématiques, mais la bonne évaluation est l’évaluation qui contient également ce que vous êtes: optimiste, ouvert aux autres, autodidacte, honnête, … Aujourd’hui, même si on retrouve ses qualités dans les formulaires, elles sont beaucoup trop négligées.
Mais outre l’évaluation, c’est vraiment cette question d’avoir ou d’être qu’il faut se poser pour s’orienter vers le bonheur. Ainsi, quand vous avez le choix entre deux positions, deux jobs, deux choix de carrière, posez vous cette question: quel choix améliore le plus mon « être » et donc mon bonheur?
Quantité et Qualité
Avec des methodes comme le Lean, le plus-avoir est devenu une véritable obsession dans le monde professionnel, on veut toujours produire plus avec moins. On en arrive à demander aux employés de travailler en parallèle. A force d’en faire trop, c’est la qualité qui est impactée, l’être du service et le bien-être du travailleur sous le stress de trop en faire. Dans le livre « Apprentissage du bonheur » sur lequel est basé cet article, Tal Ben Shahar nous explique que la quantité affecte la qualité. Par exemple, un professeur peut adorer donner cours mais si on lui demande de donner 50 heures sur la semaine, il y a de fortes chances qu’il ne prenne plus de plaisir à enseigner et que ses cours soient de moins bonne qualité.
Remettre en question sa quantité de tâches à faire au travail est une bonne approche pour améliorer sa qualité de vie:
– Dois-je vraiment vérifier toutes les 3 minutes [à vous de compléter]?
– Est-ce que je pourrais déléguer [à vous de compléter]?
– Est-ce que j’éprouve toujours le même plaisir qu’au départ à [à vous de compléter]?
L’équation du bonheur
Etant scientifique, je me suis moi-même posé la question suivante: peut-on modéliser le bonheur et le transformer en une équation? Il est évident que si l’on devait établir cette équation du bonheur, le quantifiable « avoir » serait plus simple. Mais le problème du plus-avoir, c’est qu’au final, le résultat de l’équation est nul: cela s’appelle le jeu à somme nulle. S’il y a un riche, il y a un pauvre. S’il y a un gagnant, il y a un perdant. Ce que l’un a, l’autre n’a pas. Le matérialisme est un jeu à somme nulle. Par contre, le bien-être ou bonheur, non quantifiable, n’est pas une équation dont le résultat est nul mais une équation tendant vers l’infini. Pour reprendre la citation de Bouddha qui illustre la notion d’infini du bonheur:
On peut allumer des dizaines de bougies à partir d’une seule sans en abréger la vie. On ne diminue pas le bonheur en le partageant.
Soyez une bougie et propagez le bonheur autour de vous, que ce soit dans votre famille, avec vos amis, au travail ou même dans la rue. Tout le monde peut y gagner, qu’il soit riche ou pauvre, jeune ou vieux, femme ou homme. Plus-avoir et bien-être sont sur un bateau, lequel tombe à l’eau?