
Sommes-nous malade du temps? Pierre Rahbi l’indique depuis bien longtemps, tout a changé depuis l’arrivée du cheval machine. Le temps de l’homme n’est plus limité par le déplacement et la société court toujours plus vite. « Le culte de l’urgence » de Nicole Aubert, psychologue et sociologue, a renforcé mon idée que le temps est devenu un véritable obstacle à notre bonheur, que ce soit dans la vie personnelle ou au travail. Alors comment peut-on passer outre cette notion qui est présente partout et améliorer notre vie?
Les temps changent
Ces dernières années, les technologies ont renforcé leur position dans le monde. Elles nous permettent de « gagner » du temps. Si on prend, par exemple, le téléphone, on est passé d’un service postale à la possibilité de communiquer directement avec son interlocuteur. Ensuite, tout le monde s’est acheté un téléphone et pouvait jouir de cette technologie. Dans les années 90, les premiers téléphones portables ont fait leur apparition. Plus besoin d’être chez soi pour communiquer avec quelqu’un, on reste joignable à tout moment. Ensuite, des briques téléphoniques, on est passé aux minis mobiles, pour en arriver aux smartphones et toutes leurs applications. Le téléphone est devenu l’outil de base pour certain (laissant certains complètement accros) et transforme les connexions homme-relation, homme-information.
Les technologies ont modifié le monde mais surtout le temps. Nous vivons dans une société de l’immédiat. Effectuer un virement bancaire en deux secondes à partir d’une tablette, télécharger un livre, consulter les prévisions pour les prochaines minutes, … sont devenus des activités courantes qui présentent sans aucun doute de nombreux avantages mais bouleversent totalement le vie humaine qui, il n’y a pas encore si longtemps, tournait autour des saisons, de l’agriculture et du bouche-à-oreilles; ce qui est encore le cas dans les pays du tier-monde, du moins pour le rythme des saisons et l’agriculture.
Quel impact sur notre travail?
La conséquence de ce bouleversement du temps, c’est la mondialisation, mais également le capitalisme. Avec les technologies, les investissements ont été complètement métamorphosés. Ainsi, maintenant, toute société est réglée par un marché quasi-instantané comme la bourse, mais également par le marché de la concurrence en un clic tel qu’Internet et par une communication immédiate via les réseaux sociaux par exemple. Tout cela mène les sociétés à toujours produire plus avec moins, à améliorer la rentabilité au maximum afin de survivre dans la jungle.
Toujours plus, toujours plus vite. Le monde du travail a changé totalement et les activités sont désormais chronométrées, laissant place à ce que Nicole Aubert appelle le culte de l’urgence. Tout devient urgent. Ainsi, si on reprend la matrice de gestion du temps (dite « matrice d’Eisenhower »), les tâches stratégiques disparaissent pour devenir des tâches d’urgence critiques et les tâches « poubelles » ou qui laissaient un peu de place à la détente se transforment en tâches délégables. Là où un projet prenait 18 mois il y a quelques années, il doit prendre 6 mois maintenant. On attend toujours plus de l’employé, qui est devenu, ce que Zaki Laïdi, politologue français, appelle « un homme-présent ».
L’homme-présent
L’homme-présent vit dans la société de l’immédiat avec un temps basé sur le travail. On lui a appris à optimiser son temps de travail, il optimise également sa vie privée qu’il charge d’activités, et à laquelle il impose un certain rythme afin de ne pas perdre celui du travail. L’homme-présent marche dans l’élévateur, court pour passer entre deux voitures au feu rouge, part travailler tôt, revient très tard. Pour lui, le temps, c’est de l’argent. Il achète sur internet, est hyper-connecté, mais surtout, il ne vit que pour le présent.
Il est loin de l’homme-passé, appelé homme archaïque par Zaki Laïdi, qui reproduisait de génération en génération les mêmes habitudes, le même travail. Il est loin de l’homme-futur, appelé homme perspective par Zaki Laïdi, qui a de grands projets tournés vers le futur. Quand on lui dit que pour être heureux, il doit profiter du moment présent, il se dit qu’il le fait déjà, il en profite déjà au maximum. Alors comment être heureux quand on est un homme-présent ayant une vie basée sur le travail?
Homme-présent à court de temps recherche bonheur
Toutes ces situations d’urgence, de stress, de fatigue, même si on est très fier quand on les surmonte, ne mènent qu’à deux murs: la dépression ou une erreur humaine pouvant provoquer des accidents. Alors, comme solution, ralentir est certainement la première étape. Même si l’homme-présent déteste perdre du temps, prendre du recul sur sa vie en ralentissant l’espace d’un instant lui permettra de se remettre en question.
« D’où je viens? Où vais-je? »
À force de vivre dans le présent, on oublie que le bonheur se base sur les richesses du passé mais également sur les objectifs futurs. En recherchant toujours le plaisir éphémère, on oublie de se construire des valeurs et des objectifs de vie. Est-ce vraiment la vie que vous recherchiez? Est-ce que vous voulez courir toute votre vie ainsi?
« Est-ce si urgent? »
Parfois cette question simple résout une grande partie des problèmes d’urgence. Est-ce que cette tâche au travail est si urgente? Ou est-ce qu’il s’agit d’une urgence que vous vous imposez vous-même sous le stress? Est-ce la fin du monde si vous remettez ce document un jour plus tard?
« En ai-je vraiment besoin? »
Entouré de technologies qui vous accélèrent la vie, posez-vous cette question. En avez-vous vraiment besoin? Déconnectez-vous du système. Réapprenez à vivre simplement, à attendre, à ne rien faire, à vous relaxer, à ralentir pour mieux réussir, pour une vie plus heureuse.
Ralentir pour réussir est le thème qu’Alexandre, auteur du blog C’éclair nous proposait ce mois-ci dans le cadre de la Croisée des blogs du site de développement personnel devperso.org. Si vous recherchez d’autres moyens pour ralentir, je vous invite à consulter les autres articles de ce thème.
Photo credit: vandinglewop / Foter / CC BY-NC-ND
Les facteurs qui impactent notre bien-être au travail sont très nombreux. Cependant, aujourd’hui, les entreprises travaillent plus que jamais sur le bonheur des salariés. Des initiatives sont prises pour améliorer les conditions de travail mais aussi prévenir les risques.
Bonjour Évelyne,
Il est vrai que certaines entreprises ont compris que le bonheur des salariés était primordial et améliorait le rendement. Mais le nombre reste trop faible selon moi.