
C’est quoi le Lean?
Le Lean (maigre en anglais), c’est la méthode qui a le vent en poupe ces dernières années dans les entreprises. Vous en avez très certainement entendu parler. La méthode avait été présenté dans le documentaire d’Arte Le bonheur au travail. Basée sur la société Toyota, le Lean consiste à une optimisation continue du temps au travail ou autrement dit, une réduction des « gaspillages », de tout ce qui ne produit pas de valeur ajoutée, suite à une démarche collaborative; c’est-à-dire que ce sont les employés qui apportent les idées pour améliorer l’efficacité. L’entreprise fonctionne ainsi en amélioration continue, souvent connue sous le terme japonais « Kaizen ». En général, la hiérarchie est également réduite car c’est l’expérience sur le terrain qui compte. L’amélioration du temps de travail du Lean repose aussi sur des méthodes de flux tendus. En gros, on réduit le stock et les temps d’attente. Par exemple, le « Kanban », voulant dire « panneau » en japonais, consiste en une méthode de travail qui limite la production de la chaîne en amont à la demande des clients en aval.
Le Lean, c’est génial!
Vous comprenez très rapidement que cette méthode est excellente pour les chefs d’entreprise. Les employés sont plus responsabilisés, investis et produisent plus en moins de temps. Dans ses travaux sur les objectifs et le bonheur, le professeur Ken Sheldon de l’université du Missouri a démontré qu’une personne qui fait plus librement le choix de ses objectifs est plus heureuse. Un employé responsabilisé, qui fait ses propres choix pendant sa journée de travail, sera donc en général plus heureux.
Quant au client, il obtient théoriquement un produit de meilleur qualité vu que l’amélioration est continue. La société vend donc plus, et peut augmenter sa gamme de produits car elle a plus de travailleurs disponibles et motivés. Arte montrait dans son reportage quelques exemples d’entreprises où le Lean fonctionne très bien. MAIS… Et vous savez que ce qui vient avant le « mais » ne compte pas, cela ne se passe pas toujours aussi bien.
Quand la Lean impacte le bonheur
La mise en application du Lean par les sociétés ne fait pas que des heureux et cause même parfois des dégâts. Le Lean n’est pas applicable partout et vous trouverez ci-dessous la liste des erreurs à ne pas commettre avec cette méthode.
1. Le Lean au détriment du client
A force d’optimiser le temps de travail, on travaille tellement vite qu’on en oublie la qualité et le service client. Prendre le temps de discuter avec le client, par exemple, peut sembler un gaspillage aux yeux du Lean alors qu’en fait, il s’agit d’une qualité de service et ce n’est pas du tout un gaspillage.
Le Lean doit absolument inclure la satisfaction du client.
2. Le Lean et le temps de bien-être
En réduisant les temps de déplacement par exemple, on augmente peut-être la productivité mais l’employé qui marche quelques minutes pour effectuer une tâche ne fait pas que perdre du temps, il en profite également pour se changer les idées, respirer, croiser un collègue sur le chemin et lui demander comment vont ses enfants, … Toutes ses activités, ces mini-pauses sont sous-estimées par le Lean et impactent directement le bien-être du travailleur. En les supprimant, on perd le temps de relaxation et on augmente le stress au travail, en d’autres termes, on détériore les conditions de travail. Quelques études ont démontrées l’impact du Lean (mal appliqué) sur la santé: démotivation, stress, fatigue, allant même jusqu’au burn-out ou encore pire le suicide.
Pour rappel, le Lean est basé sur des méthodes japonaises. Le Japon est un pays où l’on a inventé un mot « mort par sur-travail »: Karōshi.
Le Lean doit absolument inclure le bien-être de l’employé.
3. Le Lean pour l’argent
Dans une société où le temps, c’est de l’argent, des patrons peu scrupuleux voient le Lean uniquement comme un moyen d’augmenter la productivité et les bénéfices. En faisant plus avec moins de main d’oeuvre, on fait des économies ou plutôt des bénéfices supplémentaires. Or, à la base dans le toyotisme, les économies de main d’oeuvre sont directement réinvesties dans l’entreprise pour améliorer la qualité du produit ou du service parce que les employés ont un contrat à vie. Si le nombre d’employés chute après l’application du Lean, le travailleur, s’il n’a pas été écarté, se sent coupable d’avoir amélioré la productivité de l’entreprise et ne le fera plus dans le futur de peur de perdre un jour sa propre place. La confiance est brisée.
Le Lean ne doit pas être une source de bénéfices.
Pour ou contre le Lean?
Le Lean, au premier abord, semble être une excellente méthode de motivation et d’amélioration du produit. Cependant, l’application du Lean uniquement pour améliorer la productivité est un grosse erreur. En améliorant tout ce qu’on peut compter comme le temps, les stocks, les déplacements ou encore les défauts, on oublie l’optimisation du non-quantifiable: la santé, le bien-être, la satisfaction du client, les émotions, le bonheur.
Si vous désirez vous faire votre propre idée sur le Lean, je vous conseille le livre suivant:
« Le Lean doit absolument inclure le bien-être de l’employé » ,j’aime cette phrase par-ce-que en doit applique le lean sur notre vie nous même produit des produit et nous offrons des service donc on besoin de système de gestion production
« Le Lean doit absolument inclure la satisfaction du client. »
Totalement d’accord avec toi Simon.
Sortir le retour et la satisfaction client de l’équation Lean n’est pas envisageable. ça reviendrait ni plus ni moins à se tirer une balle dans le pied.
Comment peut-on travailler à s’améliorer continuellement si on ne prend pas en compte le retour et la satisfaction client ?
Globalement je suis pour le Lean management, mais comme tu le dis si bien, attention à sa mise en application.
Pour moi, le problème n’est pas le Lean, mais le Pourquoi et le Comment. L’appliquer pour de mauvaises raisons, ou en écartant certains points tels que le bien-être des employés est la pire des erreurs à faire, et peut même conduire à une situation pire que la situation précédente.
J’ai pu voir cela suite à une réorganisation en « mode Lean » d’un service d’exploitation en informatique gérant de multiples clients. Résultat : qualité de service en baissé côté clients, donc grogne et insatisfaction. et côté employés, même constat.
Bonjour Thibault,
Il y a pourtant pas mal d’entreprises françaises qui appliquent le Lean surtout pour engranger plus de bénéfices. Si on prend le cas de la Poste, ils ont totalement oublié d’inclure la satisfaction du client dans leurs équations.
Je reste persuadé qu’on néglige encore trop les avantages des temps morts par rapport au bien-être des employés. Par contre, je ne me dis pas contre le LEAN. Je suis certain qu’un management LEAN bien appliqué peut conduire à une meilleure entreprise, tant que le bon-sens garde le dessus sur l’aspect monétaire (ça me donne une idée d’article tout ça…).
Merci pour ce commentaire. Je recommande ton blog également. Très sympa!
Le bien être des employés est relégué au second plan dans la plupart des entreprises françaises, au profit de l’aspect monétaire.
Et je trouve justement qu’ils se plantent dans leurs calculs.
Un employé satisfait et heureux va mettre du coeur à l’ouvrage, produire un travail de meilleure qualité, être plus efficace. Au final, cela va se ressentir positivement côté satisfaction client (qui devrait être la priorité n°1), et côté bénéfices.
La clé est ici : le bien être des employés.
Messieurs les managers, vous savez ce qu’il vous reste à faire 😉
Un excellent sujet qui me préoccupe puisque c’est mon sujet de thèse. Lean et QVT : antagonistes ou complémentaires ?
Aussi, je me permets de vous solliciter pour répondre à un questionnaire dont l’objectif est de mesurer et évaluer de degré de maturité de la prise en compte de la QVT dans les projets d’amélioration continue que ce soit d’un point de vue du pilote (chargé du projet) ou de l’acteur (participant ou impacté par le projet)
http://goo.gl/xOBvZP
Merci pour votre participation ainsi que de le diffuser à votre réseau et collaborateurs Je recherche surtout des avis d’opérateurs car ils sont directement impactés par le projet !